dimanche 15 décembre 2013

Best of 2013 : le classement MRM des 10 meilleurs albums


Comme un rituel expiatoire, chaque année à la même époque, on semble avoir besoin de se pencher sur l'année écoulée pour tenter d'en synthétiser la quintessence… Marronnier quelque peu ringard, le Top 10 de l'année a au moins l'avantage de s'obliger à mettre en perspective les 12 derniers mois écoulés… Et juste pour ça on trouve l'exercice intéressant…

Si les autres années, il y avait toujours eu un album évident pour se détacher en pole position de notre classement, on avoue que cette année les 5 premiers de notre Top se seront tenus longtemps dans un mouchoir de poche et on aura eu toutes les peines du monde à les départager… Mais il faut bien trancher.

Et l'heureux élu, succédant à Troy Von Balthazar en 2010, The Horrors en 2011 et Godspeed en 2012 est… Deerhunter. Avec un 6ième opus taillé pour ne surtout pas attirer le mainstream à lui, avec un son crade et low-fi, une énergie punk salutaire mais sous-tendus par des mélodies toujours aussi envoutantes, "Monomania" est un grand disque indé qui résonne comme un manifeste.

Sur le podium, Deerhunter est encadré par la révélation UK de l'année : Daughter avec "If you leave". Une pop ciselée, à fleur de peau dont l'émotivité nous aura touché en 2013. En 3ième position, ce sont les français d'Aline qui nous auront ébloui avec leur premier album "Regarde le Ciel". On a tout simplement jamais entendu un album de pop, en français dans le texte, façon british (The Smiths, The Cure des débuts) aussi bien réussi. Respect.

Le Classement MRM des 10 meilleurs albums 2013 :

1. Deerhunter : Monomania
2. Daughter : If you leave
3. Aline : Regarde le Ciel
4. Arctic Monkeys : AM
5. Alexandre Varlet : Alexandre Varlet
6. Thee Oh Sees : Floating Coffin
7. Prefab Sprout : Crimson/Red
8. My Bloody Valentine : mbv
9. Arch Woodmann : Arch Woodmann
10. Seventeen at this time : Tokkoubana
10. Jessica 93 : Who Cares?

Avec AM, les Arctic Monkeys nous offrent une évolution surprenante. Après la synthèse parfaite entre pop british et rock indé US sur leur précédent effort (Suck it and See #3 de notre top 2011), AM lorgne du coté du R&B et réussit la prouesse d'être follement intéressant.

Avec son 5ième album au titre éponyme, Alexandre Varlet nous livre son disque le plus dépouillé. D'une sincérité désarmante et d'une justesse mélodique et textuelle attendrissante, ce disque mixé avec Nicolas Leroux, notre réalisateur préféré, nous aura bercé toute l'année. A chaque moment difficile de l'année on aura aimé se réconforter avec la chaleur humaniste de ce vinyle…

Après des années de stakhanovisme acharné, John Dwyer semble enfin jouir d'une reconnaissance médiatique que ce grand manie-tout de la scène psyché de San Francisco mérite incontestablement. Non content d'avoir aidé les Ty Segall, Mikal Cronin, White Fence et consorts, son groupe Thee Oh Sees fait désormais presque l'unanimité avec ce énième album "Floating Coffin" à l'aura psyché et garage jouissive.

En #7, on place l'inespéré nouvel album de Prefab Sprout : Crimson/Red. Quel plaisir de re-étendre cette voix et ses orfèvreries pop. Paddy Mc Aloon revient avec un très bon disque et on est heureux! 22 ans d'attente pour enfin écouter la suite du culte "Loveless". Un samedi soir de février 2013, l'annonce est tombée et le disque enfin lancé à la face du monde. Avec mbv, Kevin Shields reprend l'histoire exactement là où il l'avait laissée en 1991. Ce nouveau LP de My Bloody Valentine sonne quelque peu anachronique mais qu'importe, cet univers sonore est toujours aussi fascinant.

Un autre album éponyme en #9 avec ce très bel album pop d'Arch Woodmann. Un disque dont la fraicheur et l'entrain nous auront suivi tout au long de l'année. Et pour finir deux opus ex-aequo en 10ième position : le premier album de Seventeen at this time : Tokkoubana qui sonne comme un The Cure inspiré qui aurait compris le mouvement shoegaze à l'aube des nineties; et le premier LP du parisien Jessica 93 qui résonne dans la même mouvance sombre, froide et viscérale.

Une bonne année 2013, un bon cru… Mais plus encore que les années précédentes il aura fallu prendre son bâton de pèlerin pour dénicher les vraies perles, loin d'une presse musicale française qui est de moins en moins intéressante et aide de moins en moins la scène underground...

Cette année on a franchement l'impression que le fossé entre le mainstream, qui vend quelques disques et la scène underground où se débattent pour exister une flopée de projets cruciaux, n'a jamais été aussi grand. En ce sens, 2013 aura été l'année du rebond des ventes nous dit-on, grâce à la réussite marketing éclatante de quelques artistes qui auront bénéficié d'un buzz planétaire énorme et unanime qui nous aura laissé au mieux songeur…

Le parfait exemple aura été le cas Daft Punk. Plan marketing millimétré, calqué sur les grandes années de l'industrie du disque (années 80 et Michael Jackson), production faramineuse sur plus de deux ans dans les meilleurs studio et avec des session-men aux CV imbattables et un plan media orchestré pour vendre du rêve… Avec la même technique : 2 écoutes exclusives en avant-première dans les locaux de la maison de disques pour quelques journalistes influents triés sur le volet… Et après cela, tous sans exception (à part Libé qui a refusé) y seront allés de leur critique dithyrambique… On peut se poser des questions en terme de déontologie… Surtout que l'album, bien produit certes, est très très loin du compte… Comment penser que ceux la même qui avaient contribuer à l'explosion de la scène électronique avec "Homework" et son coté avant-gardiste et sans concession auront pu produire un album si racoleur… Et le pire c'est que ce fut le carton planétaire annoncé…

Que dire de la ultra hype ayant également entouré le 4ième album d'Arcade Fire? Même cause, mêmes effets? Pourtant,  en ces lignes, on est des ultra fans depuis le début et on aura été très déçus au final, l'album manquant d'âme à nos yeux. La spécificité même du groupe, ce coté lyrique et ultra émotionnel aura été perdu en route dans les soubresauts d'un album disco fait pour danser et oublier… en se voilant la face… Mais là encore, la hype et le succès  colossal sont au rendez-vous… Ca nous rend dubitatif…

Du naufrage médiatique en général de la presse spécialisée on ne sauvera des eaux que Magic et la rubrique vinyle d'Eric Delsart dans R&F. A part ça, on préféra les blogs et webzines vraiment indé que sont Dans le Mur du Son, Requiem pour un Twister, The Drone ou Hartzine, sans oublier les agitateurs des Balades Sonores ou à découvrir absolument...

Allez, en bonus, on vous file notre Top 5 EP Vinyles :

1. Angil and the Fucking Hidden Tracks
2. The Declining Winter : Fragment #5
3. Pixies : Ep#1
4. Arthur Beatrice : Carter Ep
5. Venera 4 : Deafhearts

En vrac nos coups de coeur labels : Requiem pour un Twister, Croque Macadam, Monopsone, Without my Hat, Teenage Menopause, Cranes Records, Vicious Circle, Africantape, Le Turc Mécanique, We are Uniques, Captured tracks...

Et ceux qui ne seront pas passés loin du Top 10 : Fuzz, Darkside, Oiseaux-tempête,  Dirty Beaches, VillagersThe Flaming Lips, Atoms for Peace, Suuns, la Femme, Unknown Mortal Orchestra, Old Mountain Station, Primal Scream…  et ceux que l'on aura pas pu classer faute d'objectivité : Chinese Robots, Moslyve, Lys last Stand

A suivre le Top 10 MRM Concerts 2013 et à lire les TOP 10 2010, 2011 et 2012...

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