vendredi 5 septembre 2025

Matt Berninger à l'Elysée Montmartre (2/9/25)


 C'est toujours intéressant de suivre les projets solo de membres de groupe que l'on suit depuis de longues années et dont on attend avec impatience le prochain disque, censé sauvé nos vies, une nouvelle fois... Ces pas de coté, sont toujours difficiles à négocier pour les artistes et leur public. Trop se rapprocher du groupe originel avec le risque d'en incarner un ersatz sans consistance ou bien s'en éloigner en perdant tout le monde en chemin?

C'est un peu le point médian qu'a emprunté Matt Berninger, le chanteur de The National, avec sa carrière en solo. Son second effort, Get Sunk, sorti en mai, 5 ans après un premier disque remarqué, ne fera pas fuir les fans de The National. On reste ici en terres pop mais le tout semble plus simple, plus naturel et cela convient certainement mieux à la voix de Matt Berninger.


En live avec The National, groupe qu'on adore, il y a toujours des moments où la voix de Matt dérape, il hurle et perd un peu le fil... C'est comme ci, la musique si sophistiquée de The National obligeait son chanteur à des contentions vocales et spirituelles éprouvantes pour etre à la hauteur des compositions du combo. 

Le matériel solo de Berninger est plus direct, plus simple en apparence et permet peut etre à Matt de délivrer des prestations vocales plus spontanées. En tous les cas, à l'Elysée Montmartre, à part sur une deux chansons un peu plus rock, Berninger fut impérial. L'entrée sur scène du groupe au son du Sexy Boy de Air est assez drôle....


La quasi intégralité de Get Sunk sera jouée. On retiendra Frozen Oranges, breaking into acting, Nowhere special et Little by Little, superbe. On aura droit à deux reprises de The National : Gospel (le morceau cloturant le chef d'oeuvre Boxer) et unTerrible Love qui enflamma littéralement la salle, sa batterie virevoltante emportant tout sur son passage. Quelle énergie ressentie, waouh...

Matt est notamment épaulé sur scène par son principal partner in crime dans cette aventure solo : le guitariste Sean O'Brien, co compositeur des trois quarts du nouveau matériel mais également réalisateur du disque.

L'univers solo de Matt est très personnel, il exprime ses doutes, sur lui meme, ses tendances dépressives, son insécurité mais transmet une énergie positive et chaleureuse qui fait chaud au coeur... Et sur scène, le chanteur est toujours aussi magnétique, il prend l'espace et y met une énergie folle...

On aura meme droit en rappel à une version très originale et vraiment chantée du Blue Monday de New Order avec une guitare omni présente... Un vrai régal...

1h30 intense et pleine de classe et de good vibes...

A lire également The National à la salle Pleyel et dans nos Tops 2017 et 2010.


mardi 26 août 2025

Suuns, King Hannah, Fontaines D.C et Queens of the Stone Age à Rock en Seine (24/8/25)


Rock en Seine a toujours été une réjouissance, s'y rendre fin aout chaque année est synonyme de fin d'été et d'une dernière salve de bonheur et de liberté avant de reprendre le collier de la rentrée... Je vais à Rock en Seine depuis 2004 et c'est la 1ere année depuis cette date que j'ai n'ai pas pas pris de pass mais uniquement un billet à la journée... Faute à une programmation surprenante, compte tenu du passé de ce festival, où la Rock se voit cantonner à la dernière des 5 journées du festival. 

Bizarre pour un festival s'appelant Rock en Seine... C'est un peu comme si l'Adn du festival était reniée et par la même son existence et sa raison d'être initiale. Bien sûr, les temps ont changé et la situation en 2025 n'est plus la meme qu'en 2003 où le retour du Rock (voir la série d'articles sur les années 2000) créait le besoin d'un festival francilien indépendant autour de cette musique. 

Si l'ancienne équipe de Rock en Seine (équipe indépendante, non liée à des mastodontes de l'événementiel  rappelons le) a passé la main à M. Pigasse et au géant américain du divertissement AEG, c'est qu'ils sentaient bien le changement structurel en mouvement dans les années 2010, la ringardisation du Rock auprès du jeune public, l'avenement commercial des musiques dites urbaines (rap mainstream) et donc la difficulté de renouveler le public de Rock en Seine.

Si on ajoute à cela l'explosion des cachets des artistes et des coûts d'organisation (énergie, pénurie de mains d'œuvre...) on comprend toutes les difficultés à batir un model de festival pérenne. Depuis 2019, la nouvelle équipe a tenté de changer l'orientation du festival en introduisant plus de rap et d'electro mainstream pour attirer un public plus jeune. En 2025, c'est certainement l'année où ils sont allés le plus loin dans leur processus de changement en réduisant le Rock à guitares à la seule journée de dimanche.

Résultat des courses, une fréquentation en baisse. 32 000 spectateurs en moins en 2025 par rapport à 2024 (148k versus 180k). Dans le détail, 34k le mercredi, 24k le jeudi, 22k le vendredi, 32k le samedi et 36k le dimanche sur une capacité journalière maximum de 40k. On remarque, bien sûr, que la meilleure affluence aura été le dimanche Rock...

On pourra toujours rétorquer que les annulations du jeudi n'ont pas aidé (Asap Rocky et Doechi) mais la vérité est que la seule journée cohérente par rapport à l'Adn du festival était le dimanche...

Il y a quand même eu cette belle journée de Dimanche pour nous rappeler tout l'amour que l'on porte à ce festival, cher à nos coeurs...


King Hannah a la redoutable tâche d'inaugurer la scène de la cascade (maintenant renommée par un sponsor....) à 15h, en plein caniard. Sur cette scène face au soleil une bonne partie de l'après-midi, c'est difficile pour les artistes mais aussi pour les spectateurs. Et pourtant, fidèles à eux-memes, nos chouchous délivrent une belle prestation. La voix d'Hannah nous remplit toujours autant d'émotions et les saillies de guitares de Craig nous transportent loin. la journée commence parfaitement.

On ira faire un tour ensuite au concert de Stereophonics, très pro, très efficace mais un peu lisse pour aller voir l'attraction du jour : les irlandais de Kneecap. Beaucoup de monde autour de la scène du Bosquet, on comprend que la publicité faite au groupe des suites de la polémique sur leur présence, y est pour beaucoup. Rock en Seine a perdu plus de 300 000 euros de subventions en les maintenant au programme et c'est tout à leur honneur d'avoir resisté à la volonté de censure de certains... Le set des irlandais est énergique mais leur fusion rap/electro/rock n'a rien de révolutionnaire...


A l'heure de l'apéro débarquent sur la Grande Scène, la sensation Rock des dernières années : les Fontaines D.C. les numéros 1 de notre Top 2024 triomphent pleinement. Vainqueurs à plate couture du nombre de t shirts siglés dans l'assistance, les D.C. jouent devant une foule conquise d'avance et enflamment Rock en Seine.


On part un peu avant la fin du set pour se placer pour le concert de Suuns. Comme tout le monde est encore devant la Grande Scène on se retrouve au 1er rang et on prend une énorme claque. la musique des montréalais est vraiement étrange, libre et inspirée. Leur mélange d'electro et de Rcok sonne tellement moderne. Leur univers à la fois onirique et terrifiant est totalement fascinant... 


On est en transe pendant l'heure et des poussières d'un show envoutant et bluffant (on vous recommande le replay sur francetv, très bien filmé et au son conforme à ce que l'on a entendu en live). Définitivement l'un des groupes les plus passionnants de l'époque... (A lire aussi le live report de Suuns au Trabendo).


On finit cette belle journée par la tête d'affiche de la soirée: les Queens of the Stone Age. On a tellement de souvenirs mémorables de concerts du groupe de Josh Homme. Rien qu'à Rock en Seine leurs prestations de 2005 et 2010 restent parmi les meilleurs concerts vus à Saint Cloud. Il faut dire que pendant les années 2000, le groupe marchait sur l'eau, sortant 3 chefs d'oeuvre : rated R, Songs for the Deaf et Lullabies to Paralyze. Era Vulgaris qui suivit fut encore de bonne facture mais on avoue que les albums des années 2010 et après nous ont souvent ennuyé.... Leur show de 2025 est un peu à cette image, les vieilles chansons nous enchantent pendant que les plus récentes nous font bailler... Heureusement le Song for the Dead final (avec le sacrifice d'une paire de lunettes dans le feu de l'action) permet un ultime défouloir émotionnel et physique. Tour se que l'on attend de Rock en Seine chaque année en somme...

On part content de la journée mais déçu qu'il n'y ait pas d'autres journées à suivre et pour lesquelles se passionner comme c'était le cas ces 20 dernières années.... Une page se tourne peut etre... la boucle est bouclée?

A lire également Suuns, King Hannah, Fontaines DC. Queens et les Rock en Seine 2024, 2023, 2022


jeudi 21 août 2025

Pulp et Tropical Fuck Storm à la Route du Rock (15/8/25)


Pulp qui se reforme, ressort un album magnifique, le 1er depuis 24 ans et Pulp en tête d'affiche de la Route du Rock, on aurait jamais imaginé il y a 1 an que tout cela puisse se réaliser... 

Et pourtant, la seule date française de l'année pour ce groupe sacré, associé pour l'éternité au mouvement britpop des années 90 (meme si ils étaient plus que cela...). Ils étaient très certainement les rejetons érudits et classieux de la bande, étant plus vieux mais pas plus sages...

Dès l'arrivée sur le site du Fort Saint Père, on sent une certaine effervescence.  C'est la seule date sold out des 3 jours de festival. On entend beaucoup parler anglais autour de nous, les britanniques se sont déplacés en masse pour voir les cultissimes Pulp enfin de retour. Les t shirts Pulp sont partout... L'attente va etre longue jusqu'à 23h30...


Meme si on aura assisté à de sympathiques concerts de Biche, Porridge Radio ou Yard Act, on trépigne d'impatience à l'idée de voir Pulp sur scène (oui c'est la 1ere fois). Et juste avant le concert du combo de Sheffield, l'épiphanie, la claque monumentale : Tropical Fuck Storm.

Originaires de Melbourne, et formés sur les braises de The Drones par le couple Gareth Liddiard et Fiona Kitschin, le quatuor nous prend aux tripes sur scène. Ca semble être un chaos sans nom mais c'est d'une maitrise et d'une intensité remarquable. Il y a tout ce que l'on adore : les mélodies, les voix féminines et les arrangements dissonants improbables qui rendent le tout à la fois lunaire et évident... Fantastique...

Quelle baffe, on est reste ébahi, scotché. On ne cesse de se rapprocher de la scène, attiré par cette présence, cette force, cette émotion... Enorme baffe...


Ce sublime concert nous met dans les meilleures conditions pour le clou du spectacle. Tant bien que mal, on réussit à se frayer un chemin jusqu'au devant de la scène, malgré la foule dejà amassée et impatiente... 

Et ca démarre fort avec deux titres emblématiques de Different Class, le disque de la consécration de 95, avec Sorted for E's and Wizz et surtour Disco 2000. Jarvis Cocker est en grande forme, dès le départ il monte sur les retours en front de scène et y restera une bonne partie du set. Haranguant la foule avec ces déhanchés improbables de Dandy britannique.


Sa grande silhouette dégingandée semble n'avoir pas pris une ride, la chant est affirmé, la fougue toujours aussi intense. 'We don't want no trouble, We just want the right to be different', cette assertion incluse dans le livret de A Different Class semble plus que jamais d'actualité. Pulp est un groupe différent. Leur pop est riche, complexe et portée par le phrasé inimitable de Cocker et ses textes tour à tour incisifs et d'un humour d'une finesse toute britannique...


Les chansons du nouvel opus, Spike Island et Farmers Market sonnent admirablement bien dans l'ensemble. This is Hardcore, magnifique, sa puissance est toujours aussi frappante. Do you remember the First Time embrase la foule comme il se doit avant que Mis-Shapes ne finisse de combler un public ravi et heureux d'etre là... 

Bien sûr Common People fait se déverser des vagues de plaisir sur le Fort Saint Père... Et c'est dejà le temps de A Sunset et de la fin d'un concert épique d'où on ressort avec la banane...

Une soirée d'une classe différente...

A lire également : la Route du Rock 2024, 2023, 2022, 2021...


vendredi 15 août 2025

AC/DC au Stade de France (13/8/25)


 Les groupes capables de réunir plusieurs générations ne sont pas légions. Il leur faut pour celà avoir obtenu un statut de groupe de légende, acquis en voyage au long cours d'une carrière qui s'étend sur plusieurs décennies. Pour survivre à toutes les modes, il faut, soit se réinventer en permanence en absorbant la sève du présent et en représentant le Zeitgeist à la façon d'un Bowie ou d'une Madonna ou bien en incarnant un idéal, une utopie originelle à la manière de gardiens du temple moderne...

C'est cette seconde option qui aura permis aux australiens d'AC/DC de rester au firmament près de 50 ans après leurs débuts. Il n'y a plus que les Rolling Stones, Dylan, pour incarner, comme eux, l'esprit originel d'un mouvement, d'une identité, d'une façon de vivre...


Meme si, ne soyons pas dupes, on parle ici de gros business, avec 2 stades de France remplis en quelques heures, des fans dévoués qui lachent des centaines d'euros pour des places et encore autant en merchandising ou bières sur place. Après tout, entre adultes consentants où est le problème?

La 1ere chose qui saute aux yeux en arrivant au abords du Stade de France est le nombre de spectateurs arborant fièrement un t shirt du groupe. Et quelle phénoménale impression en rentrant dans le stade en voyant cette pluie de lumières clignotantes rouges qui rendent l'atmosphère totalement lunaire ou infernale, c'est selon...

A 20 balles la paire de cornes clignotantes on comprend tout de suite les enjeux financiers et la dévotion des fans d'AC/DC... Si on se prend au jeu, on est assuré de passer une soirée assez incroyable et c'est clairement ce que l'on a fait (on passera sur les relexeions sociologiques qui nous faisaient remarquer que l'assistance était très blanche et pas très bigarrée, on se concentrera sur l'approvisionnement en bière, le vrai enjeu de la soirée...).


AC/DC arrive sur scène, comme prévu à 20h30 pile, et dès les premières notes, il se mit à pleuvoir averse, une bénédiction en cette journée de canicule à 35 degrés. C'est à la fois drôle et heureux d'etre rafraichi par la pluie sur "if you want blood (you've got it). Ca démarre fort et part encore plus loin avec l'immense Back in Black, intemporel, jouissif et puissant...

On est déjà bien. et Shut down in flames nous aspire. Meme si on a l'impression que papie Angus joue l'intro de Thunderstruck au ralenti, les soli nous reconnectent tout de suite à la légende. Hells bells, bien sûr, la cérémonie noire et culte avec cette énorme cloche si symbolique du groupe australien... On en a des frissons...


On est surpris de retrouver Highway to Hell en plein milieu du set et on vivra ce moment de bravoure dans la queue du bar (car il faut bien garder la distance pour etre à la hauteur de la légende). Suit ensuite une pluie de classiques du hard rock qui remplit le stade de bonheur : Shoot to Thrill, Sin city, Dog eat dog, Dirty deeds done dirt cheap, Let there be rock et son solo final à rallonge...

On nage dans l'extase, comme tout le reste du stade. Il n'y a qu'à observer les visages des gens autour de nous, tout le monde est heureux de vivre ce moment de communion, en se disant que c'est peut etre la dernière fois qu'on aura l'occasion de voir AC/DC sur scène en France...

Final dantesque avec TNT et Those about to Rock et ses tirs de canon et pyrotechnies...

Une soirée back to basics qui fait du bien (beaucoup moins la geule de bois du lendemain).

A lire également AC/DC au SDF en 2010,  les Stones à Lyon, Dylan au Grand Rex

mercredi 9 juillet 2025

Nine Inch Nails à l'Accor Arena Paris Bercy (7/7/25)


Trent Reznor de retour à Paris pour la 1ere fois depuis le concert à l'Olympia de juin 2019... Ca faisait longtemps. Avec l'Accor Arena, on est loin de la proximité et du caractère intimiste de l'Olympia, mais pour une musique qui convoque autant d'énergie, de hargne et de punch, les grandes messes tentaculaires sont peut etre le meilleur écrin?

Dans l'immensité de la fosse de Bercy se positionne, en plein milieu, un petite scène carrée avec en son centre une sorte de QG de la Nasa avec ordinateurs, tables de mixage et synthés. Reznor débute le concert seul sur cette scène avec une version piano voix bouleversante du morceau de cloture de l'album de 2005 With Teeth : le sublime Right where it belongs. On continue dans l'ambient éthérée avec une version en partie acoustique de Ruiner, puis une version dépouillée et très groovy de Piggy. 


Pendant que la chanson se termine, le groupe traverse la foule pour rejoindre les entrailles de l'Arena pour monter illico sur la grande scène et nous fracasser les têtes et les corps avec cette puissance et cette force ancrée profondément dans la musique de NIN et qui percute frontalement tous ses auditeurs. Wish, March of the Pigs, Reptile s'enchainent et nous enivrent... On en redemande, on est secoué, on adore ça...

C'est vraiment la grande force de NIN, être capable de moments en apesanteur, d'une beauté sans nom, avant de passer sans transition à une énergie brute, frontale et sans concession aucune. Tout en étant bluffant de vérité et de sincérité dans les 2 moods... C'est prodigieux... Le génie de Trent Reznor...

En terme de spectacle on en prend plein les yeux, c'est une show explosif avec pas mal de surimpression d'images comme si le groupe jouait dans un cube translucide. Le son est léché, ce qui n'est pas courant dans une si grande salle. Il est meme spatialisé avec des murs d'enceintes aux 4 coins de la salle... C'est fin malgré la force dantesque du tout...


Après Copy of A et Gave Up, retour sur la petite scène avec Boys Noize, qui assura la 1ere partie, pour des versions remixées par cet invité de prestige à la sauce techno. Ca pulse, ca sonne frais et c'est totalement dans l'esprit.

Après 4 chansons, retour sur la grande scène pour un final pied au plancher avec un arsenal de titres forts du répertoire NIN : Heresy, Closer, Perfect Drug (pensées à David Lynch), Burn, Head like Hole. Bien sur, Reznor termine avec ce set d'anthologie avec la beauté intemporelle de Hurt...

Une soirée divine...

A lire également NIN en Best Song Ever avec Hurt, NIN à Rock en Seine

mardi 1 juillet 2025

The The au Bataclan (26/6/25)


Je ne pensais jamais voir Matt Johnson en concert un jour. Et pourtant, 3 jours après la venue des immenses Wilco à Paris c'est au tour des mythiques The The de débarquer dans la ville lumière, après 25 longues années d'absence... Rien que ça... Quelle joie...

The The, c'est le talent d'un songwriter hors pair, Matt Johnson dont la musique et encore plus les paroles, auront marqué leur temps. Avec Soul Mining au début des années 80, The The s'invite dans la cour des grands. Johnny Marr ne s'y trompe pas en rejoignant le groupe après la séparation de The Smiths, il enregistra avec eux 2 disques dont le chef d'oeuvre Dusk, sorti en 93.


Après un surprenant album de reprises de Hank Williams (une légende de la country), Matt Johnson va progressivement se désintéresser de la musique pop et laisser The The en jachère au début du siècle. Jusqu'à 2024 et un album, Ensoulment, que meme les fans les plus ardus n'espéraient plus... 

Matt Johnson a toujours su porter une regard aiguisé, incisif mais toujours rempli d'humanisme sur notre monde moderne. La résilience d'un "Love is stronger than death" écrit après la mort de son jeune frère ou l'emotion à la fois distante et tellement touchante de "Slow emotion replay" ou le décalage de The Beat(en) generation l'attestent...

Et on ne peut pas écrire Some days i drink my coffee by the grave of William Blake ou Kissing the ring of Potus sans une grande érudition et un sens de la formule avéré...  

Dans la salle du Bataclan, l'attente est studieuse. Sans surprise le public est assez agé, après une demi siècle d'absence, le monde de la musique a changé. Difficile à un groupe, aussi talentueux soit il, de survivre à l'ère du streaming sans un hit avéré et vénéré...

Le concert démarre avec le 1er titre d'Ensoulment, Cognitive Dissident, Sans surprise, le dernier album est largement joué avec 5 titres, mais The The puise dans son répertoire à toutes les époques. Le plus vieux titre joué date des tous débuts, Icing up, époque Burning Blue Soul, et sa longue outro instrumentale façon impro presque ambient. Un régal. S'enchaine une version revisitée de Slow Emotion Replay, malheureusement sans l'harmonica et les arpèges angéliques de Johnny Marr mais reste cette voix et ces paroles toujours aussi brillantes de lucidité...

Les chansons de Soul Mining engendrent l'enthousiasme de la salle (This is the day, Uncertain Smile). L'atmosphère, malgré une chaleur accablante est remplie de joie, chacun mesurant la chance de voir ou revoir enfin Matt Johnson et The The sur scène...

L'une des ces soirées où l'on sent vraiment privilégié...

A lire également The The en Best Song Ever ou Johnny Marr en live

jeudi 26 juin 2025

Wilco à la Cigale (23/6/25)


 Cela faisait 6 longues années que la bande à Jeff Tweedy n'était pas passée par Paris... De manière incompréhensible, Wilco fait souvent l'impasse sur la France lors de ses tournées européennes.... Et pourtant le Trianon en 2019 et la Cigale en 2025 étaient sold out des semaines à  l'avance...

Quelle frustration sachant que l'on parle d'un des tous meilleurs groupes au monde, capable de tout, d'exceller dans le rock indé à guitares stratosphériques, dans la country pur jus, dans le folk émancipateur, dans la finesse de la pop... Wilco a tellement de cordes à son arc que c'en est presque indécent.


Maitrise, don de soi, envie, énergie collective intense, c'est un peu tout ça à la foi un concert de Wilco. Entre 99 et 2007, Wilco a tout de meme sorti 4 chefs d'oeuvre : Summerteeth et sa pop ciselée, Yankee Hotel Foxtrot, le disque ou Wilco se réinventa en déconstruisant et reconstruisant ses chansons avec un mix final de Jim O'Rourke sublimant la nouvelle vision sonique de Wilco. Le meme O'Rourke produisant cette fois de bout en bout le génial A Ghost is born avant que Sky Blue Sky ne vienne rappeler les racines folk, blues, country du groupe...

Depuis, Wilco sort tous les 2 ans des disques de belle facture toujours remplis de mélodies et de cette envie de repousser les limites des chansons... Un groupe inspirant.


En live, ce groupe est virtuose. Il puise dans son immense discographie perles sur perles... Handshake Drugs permet au génial Nels Kline de se chauffer sur le solo final avec l'appui d'un Jeff Tweedy dont on sous-estime les talents de guitariste, magistral. 

I'm trying to break your heart et ses descentes de toms et ses parties bruitistes jouissives fait toujours son effet. Le talisman pop Whole Love est suivi par le récent Bird Without a Tail qui permet à Kline de s'envoler avant le moment irréel de ce show avec Impossible Germany. Nels Kline livre une masterclass avec un solo d'une intensité émotionnelle folle. La foule devient dingue et lui fait une standing ovation de plusieurs minutes... On vibre comme rarement...


Sur Via Chicago, on se mettra à pleureur avec la remontée à la surface de souvenirs de personnes chères connues sur place et des intenses et pures émotions de cette période... On continue dans le sublime avec Quiet amplifier et ses arrangements somptueux...

Le temps passe si vite, tout le monde est conquis et vient deja I'm the man who loves you et la fin du concert. Le rappel avec California Stars (chanson écrite par Wilco et Billy Bragg sur un texte laissé par la légende Woody Guthrie) nous replonge dans le bonheur simple du partage... Le classique I got you et son rock sautillant clôt une soirée magnifique qui restera dans nos cœurs 

Wilco ou le groupe ultime.

A lire également Wilco au Grand Rex, à Millenium Park et en Best Song Ever

lundi 2 juin 2025

Honeyglaze, October Drift et CQ Wrestling à Block Party (30/5/25)


Pour sa 3ième édition, le festival itinérant organisé par le Supersonic, Block Party, a pris ses quartiers dans le coin de Bastille en connectant plusieurs belles salles (Café de la Danse, Badaboum, Pop-up...). Quel bonheur de découvrir la fine fleur de la scène indépendante avec beaucoup de groupes en provenance du Royaume-Uni où les guitares ne semblent pas vouloir encore rendre l'âme.

On attendait avec impatience de découvrir sur scène le trio Honeyglaze sur la scène du Café de la Danse. Après un 1er album sur Speedy Wunderground, produit par le faiseur de talents Dan Carey (Fontaines D;C., Wet Leg, Squid...), Honeyglaze prend son envol avec son 2nd disque, Real Deal, une merveille de pop sensible et percutante...


Le trio débute son set par l'envoutant I feel it all, extrait de Real Deal. Dès le départ on a des frissons. Tout en épure avec notamment une basse frottée avec un archet, le morceau installe une ambiance rêveuse. La voix d'Anouska Sokolow nous prend par les tripes sur un sujet où elle se met à nu en évoquant son hypersensibilité. On est conquis d'entrée... 

Le groupe enchaine avec le très vindicatif Don't, qui creuse la thématique précédente mais tout en tension et rage émancipatrice. La batterie à la fois technique et à contre temps de Yuri Shibuichi amène un groove irrésistible. La partie noisy nous enchante et montre qu'Honeyglaze a plus d'une saveur dans son sac...

Le jeu du bassiste, Tim Curtis, est tout autant original que celui de ses compères. Il utilise de nombreux effets (distorsion, echo, reverb) pour donner une place centrale à son instrument et apporter une touche singulière à l'ensemble... On sent un groupe soudé où chacun apporte sa pierre indispensable à l'édifice... 

Avec des chansons comme Pretty Girls ou Ghost, Honeyglaze expose un univers fascinant qu'on est heureux de pouvoir découvrir en live. Un groupe à suivre, assurément...


Changement d'ambiance, 50 minutes plus tard, toujours au Café de la Danse avec le quatuor de Somerset October Drift. On est plutôt sur une power pop endiablée où l'énergie vitale est exultée et érigée en valeur fondamentale... Le groupe a dejà a son actif 3 albums mais est encore relativement peu connu en France.

Ce concert va vite partir en vrille. Le chanteur, Kiran Roy, fait rapidement un 1er test en allant chanter dans la fosse, puis en montant dans les gradins pour se hisser jusqu'à la plateforme du Café de la Danse pour demander aux spectateurs de se mettre en dessous pour le réceptionner...



A partir de là le concert va devenir complètement fou, le guitariste descend à son tour dans l'arène, et un cercle en mouvement s'organise autour de lui. Kiran demande ensuite au public de se séparer en deux avant un mosh pit qui lance le 1er pogo de la soirée... Et ce sera comme ça toute la soirée, une succession d'allées et venues entre la scène et la salle, le tout dans une ambiance bon enfant, entre potes... 

On sent une extrême générosité de la part d'October Drift et le public le lui rend bien. Un concert enthousiasmant qui file la banane... Qu'est ce que ca fait du bien...

On part finir la soirée au Badaboum pour voir CQ Wrestling qui délivre un rock de pub carré, puissant et hyper efficace. Une chanson comme Wayfinding a tout d'un tube avec son couplet groovy et son refrain fédérateur. 

Une soirée exaltante qui prouve une fois encore que la guitare n'est pas encore morte grâce à nos amis anglais...

A lire également la scène pop rock indé UK avec Fontaines DC, Wet Leg, Squid...

lundi 3 mars 2025

Heartworms à Petit Bain (1/3/25)


C'est toujours un plaisir de découvrir de nouveaux artistes sur scène. C'est à cette occasion que l'on peut ressentir ce qu'ils ont envie de donner et de montrer au monde extérieur. C'est un peu comme une première rencontre, on ne sait jamais comment ca va tourner. Et la rencontre avec Joséphine Orme, aka Heartworms dans l'intimiste Petit Bain fut d'une rare intensité..

Signée sur le très estimable label de Dan Carey, Speedy Wunderground, Heartworms suscite d'emblée notre curiosité. On adore en ces pages le metteur en son iconique des années 20; Monsieur Dan Carey, qui, rappelons le, a produit toute la nouvelle scène britannique intéressante ces dernières années : Squid, Wet Leg, Black Midi, Fontaines D.C. (avant la consécration Romance produit par un autre magicien du son : James Ford).


Heartworms est le projet solo de Josephine Orme plutot qu'un vrai groupe, sauf sur scène où un batteur et un guitariste viennent supporter Jo. Le groupe joue un rock que l'on pourrait qualifier de gothique moderne. Ambiance sombre, lumière bleue ou rouge qui rendent l'atmosphère étrange, presque inquiétante. 

Jo Orme joue à fond la carte de la théâtralisation. On vit une Siouxsie version années 20 même si les intonations de voix dans les aigues nous font aussi penser à Emily Kokal de Warpaint. On est tout de suite happé par le magnétisme de la jeune femme. On sent que cette persona lui permet de transcender ses émotions et de dépasser une certaine timidité qu'elle revendique. Sur scène, elle lâche les amarres et nous envoie une énergie d'une rare intensité.


On se prend au jeu rapidement. Un moment fort du concert a vu Jo réussir à imposer un silence quasi religieux dans la salle, s'approchant du public en dégageant avec ses mains son visage de ses cheveux hirsutes pour mieux regarder son public dans les yeux puis en recitant un poème aux propos lourds de sens ("we are the people you bury underground" répété en boucle).

Avec des chansons comme Jacked et son riff de guitare obsédant, Mad Catch son beat sautillant et sa mélodie de guitare joueuse ou encore Extraordinary Wng (très Warpaint) et ses envolées vocales belles à en pleurer, Heartworms possède déjà un répertoire d'une grande qualité.


On est pris dans un flux porteur du début jusqu'à la fin, une belle claque et la sensation d'avoir vu un monstre (dans le bon sens du terme) à qui on promet une brillante carrière, elle a tous les atouts en main...

A lire également, Warpaint en concert ou en Best Song Ever ou encore The Cure, des influences certaines...

mardi 25 février 2025

Jack White à la Cigale (21/2/25)


 C'est certainement l'évènement Rock de ce début d'année 2025 : la venue de Monsieur Jack White pour 3 soirées consécutives à Paris. Forcément sold out en quelques minutes, un premier concert à la Cigale et 2 au Trianon, un pop up store Third Man Records à Pigalle et une ferveur collective rarement ressentie, tous les ingrédients essentiels pour vivre un moment inoubliable.

On passe au Pop up store dans l'après-midi pour y retrouver les vinyles Third Man Records (notamment The Music of Heatmiser, les premiers enregistrements du groupe punk rock d'Elliot Smith), les pédales de guitares made in Third Man et même une émission de Oui FM en direct... Tout ça dans 15 mètres carrés... Bonne ambiance et joie de vivre sont déjà présentes...


Et le soir à la Cigale, c'est une effervescence. Le groupe commence à 20h30 dans une ambiance surchauffée. Avec No Name, son album surprise de l'an dernier, sorti  dans un premier temps en vinyle sans aucune promo et sans signe distinctif (pochette bleu foncé sans indication), renforçant un effet de surprise et de mystère totalement perdus en ces temps modernes où tout va si vite, où tout se vaut, se partage et s'oublie, Jack White revient à l'essence même de son amour pour un rock primaire et direct.

Il ressuscite, en quelques sortes, l'esprit White Stripes qui nous a tant passionné et nous passionne encore en ces pages. Mister White nous avait un peu perdu ces dernières années avec son rock/folk sophistiqué. Ce retour aux sources, le demi siècle passé est salvateur pour lui et son public. La présence de la jeune génération au concert montre certainement la pertinence du propos.


J'ai un respect immense pour Jack White, guitariste incroyable, chanteur authentique, patron de label, entrepreneur engagé et ayant œuvré énormément pour le retour du vinyle dans les années 2010. Une parcours remarquable.

Le concert débute de manière frontale et volcanique avec 2 extraits de No Name : Old Scratch Blues et That's how i'm feeling, l'ambiance est survoltée et monte encore d'un cran avec Fell in love with a Girl des White Stripes. Little Bird ou Hotel Yorba ne referont pas descendre la température. Il y a de la joie sur les visages, l'énergie est palpable et enivrante, c'est un vrai plaisir partagé par tous ce show de Jack White. Ca fait tellement de bien... 


Broken Boy Soldier des Raconteurs et Cut like a Buffalo de Dead Weather enfoncent le clou alors que What's the Rumpus, extrait de No Name, sonne comme un hit immédiat à  nos oreilles. Une première partie de concert clôt en 45 minutes... C'est déjà la fin? Non quand même pas...

Jack White et ses acolytes reviennent sur scéne pour 40 minutes supplémentaires avec la même énergie avec notamment Screwdriver des Stripes, Lazaretto, l'incandescent Tonight (was a long time ago) et bien sûr le final sur le mythique Seven Nation Army, what else to finish? Ambiance stade de foot, joie collective et bonheur d'une soirée réjouissante...

A lire également Jack White à l'Olympia il y a quelques années... ou encore the White Stripes et les Raconteurs en Best Song Ever

jeudi 6 février 2025

Frank Black au Trianon (4/2/25)


Cela faisait plus de 10 ans que Frank Black n'avait pas fait de tournée en solo en dehors des Pixies. Depuis le retour discographique des lutins en 2013, les Pixies et leur machine à cash étaient devenus le job à plein temps de Charles Thompson alias Black Francis. C'est donc avec surprise et une joie non dissimulée que l'on se rend au Trianon pour un concert en hommage aux 30 ans du second album solo de Frank Black, l'ambitieux "Teenager of the Year".

3 ans après avoir implosé les Pixies, Black Francis prend le nom de Frank Black pour livrer le second chapitre de sa carrière solo. Avec un titre pareil, on pense tout naturellement à un clin d'oeil au "smells like teen spirit" qui renversa la table pour imposer l'indie rock US dans le mainstream, mais non... Charles Thompson aurait reçu, au lycée à la fin des années 80, 50 dollars et une médaille au titre de "Teenager of the Year". Amusant...


Encore soutenu par sa maison de disques, Frank Black a pu passer du temps en studio avec notamment Eric Drew Feldman (ex Pere Ubu qui produit ce 2nd disque après avoir produit le 1er éponyme 2 ans auparavant), le fantastique guitariste Lyle Workman et même son compère des Pixies Joey Santiago par intermittence. Les protagonistes se sont amusés comme des fous et ont enregistré un double LP, soit pas moins de 22 chansons. Chose rendue plus simple avec l'avènement du CD dans les années 90, les limites des 40 minutes du LP vinyle se transformant en 70  minutes de musique sur un Compact Disc, pour le meilleur et pour le pire selon les cas...

Black explore, s'amuse, laisse libre cours à son imagination, amenant synthés, ambiances dub ou country à sa palette punk rock version Pixies. Certainement, Frank Black conclue en 95 sa période dorée (87/95) où tout se qu'il produit devient un classique... La suite de sa carrière (les Catholics, les albums post reformation des Pixies) sera souvent très en dessous de tout ce qui sera sorti pendant ces 9 années dorées.


Revisiter Teenager of the Year est donc une belle idée. Entouré du line up presque originel (avec Feldman et Workman notamment) on sent que Frank Black s'amuse sur scène. Les fans des Pixies seront surpris d'entendre le son de sa voix entre les morceaux (dans un concert des Pixies ni lui ni ses acolytes ne prononcent un mot). Il annonce même le nom de chaque morceau...

Cette tournée est certainement comme une récréation entre potes, entre deux tournées des Pixies et la pression d'un groupe culte redevenu son gagne pain quotidien. Les morceaux sur scène reprennent cette veine fun et décontractée. Le slogan publicitaire de l'époque était flatteur en proclamant qu'il s'agissait du meilleur album que les Pixies n'avaient jamais fait (the best album Pixies never made), mais il y a du vrai dans cette assertion.

La dynamique punk rock des Pixies est toujours sous jacente mais les arrangements sont plus indés, plus sophistiqués et donc un peu moins pop que les gimmicks si évidents (et donc pop dans le beau sens du terme) de Joey Santiago (un grand guitariste trop sous estimé). 


Teenager of the Year regorge de perles qui prennent toute leur essence en live. Le début du show est un récital, punk avec Whatever happened to Pong, rêveur Abstract Plain ou pop rock qui tue avec Calistan. Sans oublier la pop song ultime sous influence Beach Boys  : Headhache (les choeurs dans la seconde partie entourant la voix de tête de Black sont à tomber...), certainement l'une des toutes meilleures chansons écrites par Frank Black... 

Et le filet de perles grossit au fur et à mesure du concert avec Olé Mulholland, Freedom Rock, Two Reelers, Fazer Eyes... On en prend plein les oreilles, l'ambiance est bon enfant dans la salle avec un pogo sympathique devant la scène sur tous les morceaux un peu mordants. Sans surprise la moyenne d'âge est assez élevée, encore plus que pour un concert des Pixies.

Teenager of the Year est donc joué en intégralité et dans l'ordre du disque. Le show se terminera par 3 titres du 1er album de Frank Black (album éponyme) dont le superbe Los Angeles, 1er single solo de l'ancien Pixies, une tuerie en live...

Les vibes sont super bonnes, on passe un excellent moment, trop contents de voir Frank Black au sommet de son art...

A lire également les Pixies rejouant Bossa Nova/Trompe le Monde à L'Olympia. ou encore Frank Black à la Cigale

mardi 31 décembre 2024

Best of 2024 : le classement MRM des meilleurs Concerts


Encore une année super excitante sur le front des concerts. On ne répétera jamais assez, l'expérience live est certainement la dernière possibilité qu'il nous est donné à tous de partager un moment collectif de transcendance. C'est tellement puissant, tellement essentiel, tellement vital...

Et dans ce contexte c'est sans surprise la grand messe païenne de Nick Cave and the Bad Seeds qui nous aura le plus remué cette année. Une expérience quasi spirituelle. Le show Massive Attack à Rock en Seine est à placer dans le même registre... Sur le podium, le couple King Hannah sait atteindre nos petits coeurs dans des ambiances bien plus intimistes...

Slowdive à la Route du Rock a confirmé que son shoegaze réveur et ethéré avait peu d'équivalent et permettait aux spectateurs de s'évader totalement le temps du concert... Remarquable... James Murphy et sa machine à danser, LCD Soundsystem, n'a rien perdu de sa verve et de sa puissance collective.

Les Pixies auront réussi l'exploit de nous emballer 3 soirs de suite avec le meme set, on aurait pu y rester des semaines tellement ce fut intense et glorieux... Indispensables les vieux bostoniens...

Bdrmm, quelques  mois après une prestation remarquée au point Ephémère nous aura fait littéralement décoller. Et que dire du retour de Aur, rejouant Moon Safari en intégralité: du rêve et du bonheur... Tout l'inverse des Mary Chain dont la pop noire est toujours aussi indispensable à nos yeux. Enfin Suuns au Trabendo et les Fontaines D;C. au Zenith complètent le tableau d'une année 2024 Live de haute volée...

Vivement les concerts 2025... 


MRM TOP 10 Concerts 2024

1. Nick Cave and the Bad Seeds à Bercy (17/11/24)

2. Massive Attack à Rock en Seine (24/8/24)

3. King Hannah à la Maroquinerie (12/9/24)

4. Slowdive à la Route du Rock (15/8/24)

5. LCD Soundsystem au Théatre Antique de Fourvière (8/7/24)

6. Pixies à l'Olympia (25/26/27/3/24)

7. Bdrmm à Petit Bain (28/2/24)

8. Air à l'Olympia (7/3/24)

9. Jesus and Mary Chain à l'Elysée Montmartre (13/4/24)

10. Suuns au Trabendo (17/9/24)

10. Fontaines D.C. au Zenith (13/11/24)


A lire également le TOP ALBUMS 2024 et les TOP CONCERTS 2023 et 2022.

dimanche 22 décembre 2024

Best of 2024 : Le classement MRM des 10 meilleurs albums


 Une nouvelle année se termine et le marasme existentiel des années 20 continue son chemin, inexorablement... Dans tout ce chaos, la musique reste notre boussole, notre oasis, notre port altier. Mardi dernier il y avait sur France 5 un documentaire très intéressant sur les interactions entre santé et musique. On y voyait notamment un musicien dont le seul moyen de communiquer avec sa grand-mère atteinte de la maladie d'Alzheimer était de lui jouer des morceaux à la guitare. On voyait alors sa grand-mère revivre, se souvenir des paroles, chanter avec lui en bougeant son corps... Saisissant, vraiment... Les pouvoirs de la musique sont immenses...

Cette année il aura encore été difficile de dresser une liste tant l'actualité musicale fut riche et de qualité. Et c'est finalement les irlandais de Fontaines D.C. qu'on place au sommet. En s'associant à James Ford qui a produit les albums récents de Blur, Beth Gibbons ou Depeche Mode, les DC ont franchi un palier et font désormais une pop assez sophistiquée. les trouvailles au niveau des arrangements, les prises de risque en voix de tête de Grian Chatten et la qualité des compos font de Romance le disque incontournable de 2024.

Nos protégés de King Hannah auront réussi à se réinventer en groupe à guitares incandescentes après un brillant 1er album qui lorgnait du coté du trip hop. La Voix de Hannah  Merrick nous donne des frissons tandis que les parties de guitares de Craig Whittle sont parmi les plus marquantes qu'on ait entendu ces dernières années.

Nick Cave, de retour avec les Bad Seeds nous offre une grande messe païenne avec Wild God. Une disque d'une grande spiritualité. 

Quelle surprise de retrouver The Cure à son sommet, Songs of a Lost World étant le meilleur album du groupe depuis Wish en 1992... En magnifiant les moments tristes de l'existence, Robert Smith ayant perdu récemment ses parents et son frère, le groupe retrouve son essence même. Tellement indispensables...

Mustang continue son chemin pour notre plus grand plaisir, la plume de Jean Felzine étant l'une des plus brillantes et acérées de la "Chanson française" (quel morceau). La pop noire de The Jesus and Mary Chain nous réchauffe toujours le coeur, Belle découverte avec Nilüfer Yanya, récemment signée sur Ninja Tune, sa pop moderne aux accents intimistes nous réconforte et nous emporte.

Les Indiens de Peter Cat Recording Co reviennent avec un disque lumineux et rempli d'une sérénité qui fait un bien fou. En convoquant les Mary Chain, My Bloody Valentine et le meilleur du shoegaze, Sinaive nous offre une Pop Moderne en français qui nous bluffe littéralement... Une belle réussite.

Bryan's Magic Tears nous offre l'album baggy, acid house, qui nous permet de nous évader et de prendre du bon temps. The The revient après 24 ans d'absence et le regard de Matt Johnson est toujours aussi indispensable. Enfin les français d'Alcest fascinent avec leur metal presque spirituel.

MRM TOP 10 ALBUMS 2024

1. Fontaines D.C. : Romance (XL)

2. King Hannah : Big Swimmer (City Slang)

3. Nick Cave & The Bad Seeds : Wild God (Pias)

4. The Cure : Songs of a Lost World (Fiction)

5. Mustang : Megaphenix (Vietnam)

6. The Jesus & Mary Chain : Glasgow Eyes (Fuzz Club)

7. Nilüfer Yanya : My Method Actor (Ninja Tune)

8. Peter Cat Recording Co : Bêta (Muddy Water)

9. Sinaive : Pop Moderne (Anti Matière)

10. Bryan's Magic Tears : Smoke and Mirrors (Born Bad)

10. The The : Ensoulment (Cineola)

10. Alcest : Les chants de l'Aurore (Nuclear Blast)

Il auront été par loin du TOP 10 : The Smile, Matthew Halsall, Kim Gordon, Beth Gibbons, English Teacher, Suuns...

A lire également le MRM TOP 10 Concerts 2024 et les top 2023, ou 2022

mardi 10 décembre 2024

Alcest à l'Olympia (6/12/24)


 Alcest est un groupe totalement singulier dans l'univers metal. Inclassables et assez loin des stéréotypes du genre. Pour leur 1er Olympia, le groupe a livré une prestation envoutante... 

On a découvert Alcest sur le tard en les voyant jouer à la Machine du Moulin Rouge le 7 mars 2020, dernier concert avant de longs mois suite au shutdown lié au covid. A l'époque, leur 6ième album, Spiritual Instinct, les avait définitivement placé dans la catégorie des groupes incontournables de la scène metal...

Elan brisé par la pandémie et la longue attente d'une demie décennie avant la sortie d'un nouveau disque, Les Chants de l'Aurore... Et donc la consécration avec un Olympia sold out et enfin prophète en son pays... Après Gojira, déjà énorme mais encore plus visible depuis leur participation à la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques de Paris 2024 (le tableau révolutionnaire sanglant à la conciergerie a marqué les esprits), Alcest démontre, à son tour, que succès international et Made in France font bon ménage et pas que dans l'electro...


La french touch pour Alcest serait d'amener de l'onirisme (même si le leader, Neige, n'aime pas ce terme et pense que ce n'est pas un monde imaginaire mais une croyance bien réelle) et de la rêverie dans un univers de saturation et de distorsion propres aux guitares aiguisées du metal. C'est une invitation au voyage que nous soumet Alcest. En reprenant les bases du metal (chant guttural, grosse caisse façon mitraillette) tout en puisant dans le shoegaze pour l'évanescence des guitares ou la rêverie de la dream pop, le combo délivre une musique singulière.

Avec ce nouvel opus, le groupe écrit une sorte de BO de film imaginaire et le rendu sur scène n'en est que plus éloquent. Autour d'une lune dont la lumière berce 2 oiseaux qu'on croirait sortis d'une mythologie ancestrale, les lumières sont vives et chaudes (jaune, violet). la scénographie nous plonge dans un univers fait de songes et de rêveries.


La musique nous transporte littéralement entre moments aériens et déflagrations soniques d'une réelle intensité. C'est puissant et beau à la fois. La setlist fait la part belle aux Chants de l'Aurore avec en ouverture et en enfilade Komorebi, l'envol et Améthyste (quartz violet associé au calme et à la sérénité). Spiritual Instinct sera bien représenté avec 3 titres au compteur (Mirroir, protection, sapphire).

En rappel, Alcest terminera la soirée avec son interprétation en son du poème d'Apollinaire "l'Adieu", magnifique récital de fin à la douceur apaisante...

Cette fin d'année semble se faire sous le signe de la spiritualité, et ce de manière assez variée, que ce soit avec Alcest, Nick Cave ou encore Peter Cat Recording Co...Un besoin de transcendance?...


vendredi 6 décembre 2024

Peter Cat Recording Co au Bataclan (3/12/24)


 La magie de la mondialisation c'est de pouvoir voir sur scène à Paris un groupe indien, originaire de New Delhi, qui revisite la musique occidentale avec le prisme de leur propre culture... On avait découvert Peter Cat Recording Co à Rock en Seine en 2019 et on avait été ébloui par tant de fraicheur, de sérénité et juste de good vibes devenues tellement rares...

A tel point que leur second opus, Bismillah, finira en tête de notre TOP 10 2019... C'est donc peu dire qu'on attendait avec impatience leur retour en France. Chose faite ce mardi au Bataclan pour la tournée de leur tout récent disque, le 3ième, nommé Bêta, qui veut dire fils en hindi.


Dans la salle, le public est assez jeune. Pas de traces des vieux rockeurs comme moi que je vois dans la plupart des concerts parisiens. Mais c'est vrai que les styles abordés sont tellement variés. Peter Cat Recording Co semble à l'aise aussi bien dans la soul, le funk, le rock tweedé et même le disco.

C'est vraiment cela qui est le plus surprenant, le plus exaltant. La salle peut se transformer en un instant en piste de danse. C'est de la feel good music et ca fait tellement bien. C'est jamais racoleur, c'est toujours d'une grande sincérité. Leur musique touche directement le coeur... C'est fascinant.

Le leader du groupe, Suryakant Sawhney, a une voix de crooner américain qui sonne totalement hors du temps. Cette voix contribue énormément à tisser le lien avec le public. Elle nous guide dans les méandres, les détours stylistiques empruntés par le groupe. Les musiciens utilisent les instruments classiques du rock (guitares, basse, batterie, synthés) mais n'hésitent pas à y rajouter des instruments et des sonorités indiennes sans que cela ne paraisse superflu ou à coté de la plaque... C'est tellement rafraichissant.


Le concert débute par les trois premiers morceaux de Bêta : Flowers R booming, People never change et Suddenly. Le ton est donné. "People never change, but i will", cela résumé totalement la philosophie du groupe : une approche réaliste mais humaniste, positive et volontariste de la vie.

Quel plaisir de ré-entendre les classiques à nos oreilles que sont Soulless Friends, Heera, Floated by ou encore I'm this. Les visages illuminés des spectateurs ne trompent pas, on passe un moment d'extase collective captivant...

Et tout ceci ne pouvait que se terminer sur le tube disco ultime du groupe : Memory Box, qui avait déjà transformé le parvis de la scène de l'industrie à Rock en Seine en véritable boite de nuit!

Une nouvelle très belle soirée!

A lire également Peter Cat Recording Co à Rock en Seine et dans notre TOP 10 2019.